Qui est sainte Bathilde
Une jeune esclave devenue reine de France
Bathilde est l’une des belles figures des temps mérovingiens. La Vita Balthildis, écrite peu après sa mort, raconte son histoire. D’origine saxonne, la fillette est enlevée et vendue comme esclave au service d’Erchinoald, maire du palais de Neustrie et de Bourgogne. Remarquée pour ses qualités, Bathilde est promise à un grand destin
Vers 651, elle épouse le roi Clovis II. Mère de trois fils et très vite veuve, Bathilde s’entoure de conseillers éminents comme saint Ouen et saint Éloi. Elle œuvre à la stabilité du royaume, pratique l’aumône, met fin à la pratique de la simonie et à la capitation ; elle interdit le commerce des esclaves
Généreuse, attentive à la vie monastique, Bathilde rénove et fonde plusieurs abbayes : Chelles, Corbie et Jumièges. Imprégnée de l’esprit de saint Colomban, elle fait appel à des communautés issues de la mouvance irlandaise : Luxeuil et Fontenelle, Faremoutiers et Jouarre.
L’abbaye royale de Chelles : un lieu inscrit dans l’Histoire
Au début du VIe siècle, lorsque les Francs prennent possession du territoire de Chelles, Clovis et son épouse Clotilde installent leur résidence sur le site d’une ancienne villa romaine. Une petite église – ou un simple oratoire – est construite sous le vocable de saint Georges. Selon Grégoire de Tours (~538~594), Clotilde aurait fait bâtir des cellules à destination d’une communauté féminine.
Néanmoins, l’histoire de l’abbaye s’inscrit dans les sources écrites, avec certitude, sous le règne de Bathilde. Vers 658-659, celle-ci consacre la villa royale de Chelles à la fondation d’un monastère placé sous la règle de saint Colomban. La nouvelle église est dédiée à Sainte-Croix.
À la demande de la reine, des moniales de Jouarre sont installées à Chelles, guidées par son chapelain Genès, futur évêque de Lyon.
L’abbaye est alors dirigée par Bertille, envoyée par sainte Telchilde. Fidèle aux traditions monastiques, l’abbesse de Jouarre a choisi, en la jeune moniale, la meilleure de ses sœurs pour faire éclore Chelles.
Une femme portée par la foi
Le Haut Moyen Âge voit l’émergence d’une sainteté au féminin qui conjugue – fait exceptionnel ici – pouvoir temporel et pouvoir spirituel. Radegonde (VIe s.) et Bathilde (VIIe s.) sont deux reines exemplaires dans leurs parcours chrétiens. La sainteté de la reine Bathilde s’exprime par une austérité et une rigueur pleinement assumée. Sa charité et son humilité sont louées par son biographe. Épouse, mère aimante et reine éprise de justice et
de paix sont les trois visages d’une femme portée par une grande foi. Vers 664, défaite de ses insignes royaux, elle achève sa vie dans la prière, à l’ombre du cloître de Chelles, au service des plus souffrants. Elle meurt en 680. Après sa mort, sa vertu thaumaturgique se manifeste encore. Des miracles ont lieu auprès de son tombeau.
Pèlerinages et dévotions locales
Chelles était un lieu de pèlerinage important. En 1954, pas moins de 10 pèlerinages sont encore signalés. Les reliques de la reine Bathilde étaient sorties le 11 juillet lors de la procession dite des Saintes reliques, instituée en 1547, et le 30 janvier pour la fête de la sainte. D’autres saints étaient encore honorés par des pèlerinages : sainte Bertille (1ère abbesse) le 5 novembre, saint Eloi le 1er décembre, saint Genès le 14 avril et sainte Radegonde le 5 août.
Distribution de pain et de vin
La « donnée sainte Bathilde » est une aumône instituée en 1402 par l’abbesse Agnès de Neuville pour répondre au dénuement des campagnes. Selon les sources, cet acte de charité n’a connu qu’une interruption entre 1790 et 1840.
Les dates clés du culte dédié à sainte Bathilde
833 : translation du corps de sainte Bathilde de l’église Sainte Croix dans l’église Notre-Dame à la demande de Louis le Pieux sous l’abbatiat d’Hégilvide. Cette translation est marquée par deux miracles.
847 : Bathilde reçoit le titre de « Venerabilis » au Concile de Paris.
848 : fête inscrite au 27 janvier sur le Martyrologe du
moine Wandelbert .
855 : le 7 octobre, Bathilde est nommée « l’éminente reine des Francs » par le pape Benoît III .
859 : fête inscrite au 26 janvier sur le Martyrologe d’Usuard.
XIe s. : dans un Martyrologe à l’usage de Corbie, Bathilde est fêtée le 30 janvier.
1642 : le Propre du diocèse de Meaux fi xe la fête de Bathilde au 30 janvier.
Depuis 1709 : la fête de sainte Bathilde est définitivement inscrite au 30 janvier à l’exception des calendriers de 1858 (Mgr Allou) et de 1920 (Mgr Marbeau) qui la replacent au 26 janvier.